Poésie à l'Abbaye! Grand merci à Eric Delange

La soirée s'annonçait mirobolante. Le 13 août, à l'occasion de la Journée de la Poésie, le R. Club et la Maison de la Poésie de Wahonie avaient organisé une grande fête à l'Abbaye de Saint-Denis. Il y avait une centaine de personnes de tous les âges, parmi lesquelles quelques poètes du second rang, comme aime les désigner le journaliste Marcel D. en leur attribuant la qualité suprême du talent éphémère. Le spectacle de la soirée sera une danse orientale produite par la fascinante ballerine Nanouchka.

Une deuxième invitée d'honneur était l'ensorcelante chanteuse américaine Janis. Elle portait une splendide robe indienne en mousseline turquoise aux perles argentées. Un fin collier en lapis-lazuli faisait briller l'ensemble. Un dîner somptueux attendait les invités. Une longue table était dressée, et de petites cartes dorées indiquaient leurs places. Un lustre composé de bougies multicolores avec fioritures pendait au plafond au-dessus de la table principale. Le tout baignait en dentelles. Les plus petits commençaient à danser sur des airs espagnols et italiens. Des verres à champagne étaient déjà installés sur une table longeant le mur, couverte de toasts au saumon, au tarama, aux anchois, au fromage de chèvre ... Au fond de la Salle des Écrivains, une fontaine arrosait des plantes exotiques qui tendaient leurs feuilles vers le carrelage aux reflets solaires. Des papillons de toutes les couleurs inimaginables voltigeaient parmi les petits palmiers qui bordaient la salle. Toute cette décoration fantastique avait le charme d'une inspiration magique.

Une porte grande ouverte donnait accès à une cour intérieure où était prévue une soirée dansante au rythme du rock et du blues. Le présentateur Del'Angel prononçait un discours de bienvenue à l'Abbaye de Saint-Denis, ancienne filature et habitat privé où régnaient solidarité et une atmosphère paisible.

La soirée débutait par une danse éphémère de la ballerine Nanouchka, « Oiseau de Paradis ». La jeune danseuse apparaissait comme une magicienne déployant ses voiles virevoltants imposant le silence au public turbulent. Elle se produisait dans des ondulations rosâtres éparpillant un coucher de soleil à la luminosité éblouissante, baignant dans une musique éthérée qui plongeait les spectateurs dans les délices du Nirwana. Tout cela sous un ciel étoilé qui espaçait les restes d'un printemps qui avait prolongé le froid hivernal ...

Soudain un bourdonnement envahissant couvrit le ciel plongeant les terrestres dans une quasi-immobilité. Miracle? Une vingtaine d'oiseaux de paradis aux couleurs de l'arc-en-ciel parcouraient avec grâce et légèreté le scintillement du firmament éparpillant un nuage de pétales de roses qui enivraient les fêtards à l'extase. La nuit se remplit de douceurs ancestrales. Les arbres accueillaient les soupirs humains ...

Héloïse et Abélard, les éternels amoureux, volaient comme des anges à travers les astres éclairant la soirée embellie par des feux d'artifice. Les figures oniriques des peintures de Chapellier se détachaient de leurs cadres pour s'élever comme des cerfs-volants couvrant le ciel.

Et le tout résonnait du chant mélancolique de Janis se faisant l'écho des sons célestes avec « Summertime » ...

Liza LEYLA, « Crépuscule à Metropolis »,, LL-Edition, 2021, Bruxelles, p 66-67